Articles et interview J'aime pas l'amour

RFI Musique

Olivia Ruiz l'affranchie

Parcours d'obstacle pour une ancienne de la Star Academy

Paris 
25/11/2003 - 
Olivia Ruiz, 23 ans, ancienne élève de la Star Academy, a pris le large et s'est attachée les services d'auteurs compositeurs de renommée, Nery ou Juliette, pour un premier album très personnel, J'aime pas l'amour. Retour sur le parcours atypique d'une nouvelle interprète.

Son visage ne nous était pas inconnu. Ce petit bout de femme énergique s'était déjà retrouvé sous les feux de la rampe avant que ne sorte son premier album J'aime pas l'amour, il y a quelques semaines. En effet, elle avait fait ses premières armes médiatiques à la Star Academy (première saison), émission de télé réalité française dans laquelle des apprentis chanteurs se mesurent les uns au autres pour finalement décrocher un contrat mirifique dans une des multinationales du disque.
Olivia Ruiz n'a pas gagné à ce jeu télévisuel. Tant mieux car il serait difficile de l'imaginer dans le costume étriqué proposé par Universal. De toute façon, elle n'avait pas attendu son entrée au "Château"* pour connaître sa motivation : "Depuis toujours, je savais que je voulais faire ce métier. Mon père qui est musicien, ne voulait pas que je fasse ça. Forcément, il connaît tous les pièges et toutes les galères. En fait, il a cédé sous la pression. On a négocié pour qu'il me laisse faire de la musique une fois que j'aurais passé mon Bac et fait deux ans d'études." Ce fameux père, d'origine espagnole, est venu chanter avec elle sur la scène de la Maroquinerie à Paris lors des deux concerts qu'elle a donné en octobre. Il a aussi fait les arrangements musicaux pour ses prestations scéniques. Mais bien plus, il lui a ouvert les yeux sur ses engagements artistiques qui aujourd'hui, ont l'air jalonner la vie d'Olivia. "Il m'a dit : Si tu veux chanter un jour, cultive ta personnalité. Il m'a toujours répété que c'est en chantant des choses qu'on aime vraiment, qu'on peut transmettre une véritable émotion, quelque chose de fort. Il m'a vu me perdre parfois à chanter du Led Zeppelin ou du U2 par exemple. Finalement, j'ai cherchée jusqu'à ce que je trouve mon petit monde à moi."

Le petit monde d'Olivia s'appelle Juliette, Chet, Prohom ou Nery. Tous ces artistes sont les artisans de "J'aime pas l'amour". Et ce ne fut pas facile pour Olivia qui a souffert d'un ostracisme anti-Star Academy : "Pour faire cet album, j'ai voulu rencontrer des compositeurs et des auteurs que j'aimais. Beaucoup m'on dit non. La plupart étaient en totale opposition avec la Star Academy. Il a fallu les approcher avec beaucoup de psychologie en leur montrant bien à quel point j'étais une amoureuse de leur travail. Ce fut le plus long".
Quant à l'instar de ses camarades de promo, elle aurait pu faire appel à des faiseurs de tube, Olivia en décidait autrement. Elle ne choisit pas la facilité "C'est vrai que je ne me suis pas posée des questions de cet ordre. On aimerait toujours vendre des disques, être sur le devant de la scène. J'ai fait les choses en pensant au plaisir que j'aurais à chanter ces titres et à travailler sur des thèmes qui me correspondent. J'ai essayé de m'accorder le maximum de liberté que je pouvais avoir puisque je n'avais pas encore signer dans une maison de disques."
Olivia sait ce qu'elle veut : "Je leur ai dit : Mettez moi dans la peau d'un personnage ou positionner moi comme une narratrice." Le déclic a lieu sur scène quand on la voit revêtir les habits virtuels de la comédie. Propulsée par une énergie propre aux jeunes chanteurs qui veulent en découdre, Olivia Ruiz interprète ses chansons avec fougue, assez loin du romantisme consensuel affiché par ses congénères. Et comme pour enfoncer le clou, Olivia décide d'appeler son album : J'aime pas l'amour du nom d'une chanson écrite par Juliette. "C'est une façon de lui rendre hommage. C'était la personne que je ne pensais pas arriver à convaincre d'écrire pour moi. Elle a fait quelque chose de marrant en même temps qu'adapté à ma personnalité. C'est assez représentatif de l'album, ce sont des chansons assez rentre-dedans, en général. C'est la représentation de la femme dans ce qu'elle a d'entêté et de libre, c'est l'image de la femme battante et indépendante." A la mesure de la jeune chanteuse.

Le passage d'Olivia par la Star Academy fut donc un handicap pour travailler avec un certain nombre d'artistes, tellement cette façon de façonner les jeunes chanteurs, de les surexposer médiatiquement avant même qu'ils aient fait leur preuve, peut en agacer beaucoup. Plus de deux ans se sont écoulés et la jeune femme semble être très lucide quant à cette aventure qu'elle fut une des premières à expérimenter. "Ça m'a apporté l'accès aux maisons de disques ainsi que les contacts des gens avec qui j'avais envie de travailler. Moi, ça fait longtemps que je me produis sur scène, depuis l'âge de douze ans... Mais avec la Star Academy, on s'est produit dans des grandes salles et ça, je ne l'avais jamais fait. 12.000 personnes à Bruxelles par exemple" Elle ne renie rien, assume cette épisode de sa jeune carrière. "Mais ce n'est qu'une année de plus dans mon existence, une expérience. En même temps, le fait que je n'étais pas du tout dans mon élément et que je ne chantais pas du tout des choses qui me plaisaient, n'a fait qu'affirmer mes goûts musicaux et que ce que j'avais envie de faire, ce n'était pas ça."
Difficile de se libérer de l'image de Star Académicienne, quelques aficionados de la première heure ont retrouvé sa trace et viennent lui offrir à la fin du concert une fleur ou une peluche. En même temps, des fans de Nery ou de Juliette sont venus voir ce que leurs artistes préférés ont pu écrire pour cette jeune femme qu'ils ne connaissaient pas. Drôle d'endroit pour une rencontre des genres. Et ça fait "marrer" Olivia "Le premier soir de mon passage à la Maroquinerie, dans la salle, il y avait Alizée et Vincent Delerm. C'était la première fois qu'ils devaient se retrouver au même concert !". Il faudra un peu de temps avant que la jeune Olivia ne trouve sa place. Mais grâce à son appétit vorace de scène, elle ne devrait pas avoir trop de difficultés. Un nouveau concert à Paris est prévu pour le mois de mars, juste après une série de premières parties d'Arthur H au Québec en février. Gageons qu'Olivia n'aura pas de mal à réchauffer la salle !
* Lieu où les candidats se trouvent pendant toute la durée du jeu.
Olivia Ruiz J'aime pas l'amour (Polydor) 2003
Valérie  Passelègue



Rolling Stone, Octobre 2003

Vis ma vie - La vie de château, elle a déjà donné. Oublier la Star Ac', voilà le premier objectif d'Olivia Ruiz.

Entre nous, on l'a juste appelée "l'émission", le jeu télévisé auquel cette jeune femme de 23 ans originaire du Sud-Ouest de la France a participé il y a dix-huit mois. La Star Academy, évidemment. Une bénédiction et une malédiction. Fille d'un musicien lui ayant "répété toute [son] enfance que le milieu de la musique était  impitoyable", Olivia a pendant des années tenté de se faire remarquer, s'embarquant même un jour dans "une véritable expédition" pour retrouver la trace de son groupe fétiche, les Têtes Raides, et lui remettre l'une de ses maquettes. Sans succès. Et voilà que par la magie de la fée Audimat, les portes bien cadenassée du show-business s'ouvraient soudainement devant elle qui est aujourd'hui la première à avouer "ce n'était pas mérité, car obtenu à coups de matraquage médiatique". D'où un premier album sur lequel et reconnait avoir travaillé "dix fois plus dur" après avoir maquetté une cinquantaine de chansons. Olivia Ruiz s'est ainsi employée à faire tomber beaucoup de préjugés à son égard pour travailler avec les gens dont elle désirait vraiment s'entourer - l'ex-VRP Néry, ou encore Juliette - et sortir aujourd'hui ce J'aime pas l'amour bien peu académique.
Olivier Badin

Voici sans doute le prolongement le plus inattendu de la Star Ac'. Embarquée dans la première saison de l'émission - celle qui a consacré la sémillante Jenifer - Olivia Ruiz a pris son temps mais parvient aujourd'hui à faire totalement oublier cet avatar avec J'aime pas l'amour, disque frais, tonique, qui se promène allègrement entre les divers intérêts musicaux de la chanteuse. De l'univers réalistico-goguenard de Juliette (la chanson titre) à la poésie décalée d'un Philippe Prohom en passant par l'humour élastique de Chet, Olivia Ruiz joue à fond de sa candeur et livre finalement, au moment où l'on s'y attend le moins, un titre de son cru, "La Dispute", dont les relents de punk-rock à peine contenus laissent penser que la jeune fille a peut-être plus que prévu sous le pied. Bref, une très bonne surprise.







toute l'actu musique

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire