On s’en souvient ou pas, Olivia Ruiz fut candidate et demi-finaliste de la première Star Academy. Demi-finaliste, mais chanteuse entière. Sitôt sortie du château, ou de l’auberge, Olivia Ruiz avait repris sa liberté, refusant le système Star Ac pour enregistrer J’aime pas l’amour, un premier album à son goût ? qui n’était pas forcément le […]
On s’en souvient ou pas, Olivia Ruiz fut candidate et demi-finaliste de la première Star Academy. Demi-finaliste, mais chanteuse entière. Sitôt sortie du
château, ou de l’auberge, Olivia Ruiz avait repris sa liberté, refusant
le système Star Ac pour enregistrer J’aime pas l’amour, un premier album à son goût ? qui n’était pas forcément le nôtre.
Elle revient aujourd’hui avec La Femme chocolat, et
elle est à croquer. Olivia Ruiz chante un peu comme Titi le canari. Elle
a ouvert sa cage et a croisé des Grosminet pour lui donner des ailes :
Mathias Malzieu de Dionysos, le producteur Alain Cluzeau, le guitariste
Bertrand Belin, la bande de Joseph Racaille et bien d’autres. D’une voix
de torch-singer qui aurait avalé de l’hélium, Olivia Ruiz chante sa
vie, sa famille, son enfance méditerranéenne. Et si elle ne tombe jamais
dans l’auto-apitoiement, si elle ne mord pas la madeleine rance de la
nostalgie, c’est parce que la musique vole et danse autour d’elle.
Ce qui séduit d’abord dans La Femme chocolat, c’est
la liberté et la générosité de ses orchestrations. Les clarinettes, les
violons, les cuivres, les ukulélés, la scie musicale et tout un tas
d’instruments vivaces s’embrassent au carrefour venteux de la musique
tsigane, de la fanfare de fête foraine, du rock, de la musique surf et
des rythmes latins. Comme dans un vieux Tom Waits, un peu.
Olivia Ruiz est dans la veine chanson réaliste. Mais cette
veine est large comme un fleuve sauvage, gonflée comme le désir. A
contre-courant des poseuses nombrilistes comme des bimbos nombril à
l’air, Olivia Ruiz est une chipie sans chichis, qui prouve qu’on peut
encore faire de la chanson réaliste vraiment fantastique.
L'Humanité,
Victor Hache, décembre 2005
Victor Hache, décembre 2005
"Maurane,
Juliette, Zazie ont montré la voie. Aujourd’hui, la nouvelle vague de
la chanson féminine est joliment représentée par Camille, Pauline Croze,
Coralie Clément, Orly Chap, Émilie Simon ou la Grande Sophie. De Carla
Bruni à Keren Ann, Jeanne Cherhal ou Souad Massi, elles ont toutes en
commun de ne pas se laisser damer le pion par leurs collègues masculins :
Cali, Vincent Delerm, Benjamin Biolay, Bénabar, M ou Sanseverino... Si
toutes veulent se faire un nom ou un prénom dans la chanson, elles
entendent surtout faire partager leur regard de femmes sur le monde.
Quels que soient les registres - pop, chanson, rock ou world - elles regorgent de talent et éprouvent un amour fou pour les mots mis en musique.
Olivia Ruiz n’échappe pas à la règle. Elle vient de sortir la Femme chocolat. Un album piquant,
coquin, sexy et gourmand. « J’ai un drôle de rapport au chocolat,
sourit Olivia. J’en ai toujours dans mon sac. Je suis accro ! » Le
chocolat, métaphore idéale pour s’amuser sur le registre sensuel : «
Croque-moi la peau s’il te plaît /Au bout de mes lèvres entrouvertes
pousse un framboisier rouge argenté. » La jeune femme serait-elle donc à
croquer ? : « Il y a une connotation sexuelle dans cette chanson,
avoue-t-elle. Quand je chante "Je me transformerai en femme chocolat",
c’est une jolie façon de dire que j’accepte d’avoir des formes parce que
dans les yeux de celui que j’aime, je me sens belle. Aux auteurs
compositeurs avec lesquels j’ai travaillé pour mon premier album, je
disais toujours "pas de tabou". J’assume tout : coquine, sensuelle,
décalée. Je joue avec tout ça. Je suis une épicurienne alors, va pour
les plaisirs de la vie ! »
À
ceux qui pensent qu’on ne peut se remettre d’une participation à la
Star’Ac, elle prouve le contraire. Élève de la première édition de
l’émission, non seulement elle n’a pas été broyée par le star-système,
mais son talent, sa détermination et le hasard des rencontres l’ont
amenée à se tourner vers d’autres horizons que la machine à tube
cathodique. L’expérience a duré un an. Cependant, elle ne regrette rien
de cette étape qui lui a permis de se faire connaître du public : « J’ai
gagné dix ans grâce à cette émission. Cela m’a permis d’avoir accès à
d’autres auteurs compositeurs avec lesquels j’avais envie de travailler,
ce que je n’aurais pas pu faire toute seule. »
Originaire
de Marseillette, village entre Narbonne et Carcassonne, Olivia,
vingt-cinq ans, a toujours baigné dans la musique. À la maison, elle
écoute aussi bien Bécaud que Nougaro grâce à son père guitariste de bal.
Sa mère lui fait découvrir les Rita Mitsouko sur le juke-box du
café-tabac-essence où elle a grandi. Une enfance dont elle garde un
souvenir ému. En témoigne le titre Je traîne les pieds : « un hommage à
tous les gens qui m’ont élevée : mes parents, mes deux oncles, mes
grands-parents maternels. J’ai grandi dans un café de province jusqu’à
mes onze ans. J’étais indépendante très tôt. Une éducation qui m’a
rendue sociable. Elle m’a donné le goût du partage. » Chorale à douze
ans, groupe de bal où elle reprend Led Zeppelin et Nirvana, un duo où
elle interprète Frehel, Damia , La Tordue ou Manu Chao... Olivia a
appris le métier sur le tas. Après J’aime pas l’amour, précédente
production qui réunissait une brochette d’auteurs compositeurs de la
scène alternative (Chet, Paris Combo, Juliette), son deuxième album a
été réalisé par Alain Cluzeau (Benabar, Thomas Fersen) et Mathias
Malzieu, leader du groupe Dionysos. Un enregistrement où se croisent une
ancienne complice, Juliette, avec d’autres auteurs compositeurs de la
nouvelle génération tels Nery, Mali de Tryo, Christian Olivier des Têtes
raides, avec lequel elle chante Non-dits ou encore Didier Blanc pour un
duo en espagnol (la Molinera).
Résultat,
un album plein d’humour entre gouaille à la Magali Nöel chantant Johnny
fais-moi mal de Boris Vian et ambiances Lolita à la pop acidulée. Être
chanteuse ? : « Ce n’est pas facile. C’est un monde de requins où il
faut se battre. Je me sens une louve solitaire dans ce milieu. Il faut
être débrouillarde, surtout quand on n’a pas de manager comme moi. Je ne
suis pas prête à donner ma confiance à quelqu’un. Quand on réalise les
choses soi-même, au moins on sait qu’elles sont bien faites. » "
Le Nouvel Observateur
Christian Panvert, décembre 2005
"Olivia
Ruiz: "La Femme Chocolat" (Polydor). C'est le second album d'une
chanteuse au parcours et à l'univers original. Pour percer dans ce
métier, elle a participé à la Star Academy. On a très vite compris
qu'elle ne gagnerait pas, mais qu'elle était là pour se faire remarquer.
Et c'est tant mieux parce qu'elle a beaucoup de talent.
Au château, elle arborait un tee-shirt du groupe "Les Têtes Raides". Comme elle n'avait pas eu de réponse du groupe à sa demande de collaboration, elle n'avait trouvé que ce moyen pour attirer son attention. Ca a réussi. On la retrouve en duo sur "Non-dits" avec Christian Olivier, le chanteur des Têtes Raides. C'est à un autre leader de groupe, Mathias Malzieu de Dionysos, qu'elle a confié la réalisation du disque.
Dans ce brillant casting, on retrouve aussi la chanteuse Juliette qui lui a écrit "La Petite Voleuse". Dans les pages intérieures de l'album et sur "Thérapie de groupe" notamment, Olivia Ruiz nous présente sa famille. Après l'étonnant "J'aime pas l'Amour", l'atypique demoiselle à drôle de voix nous embarque dans un univers inclassable. Les fans seront de plus en plus nombreux et pourraient bien reprendre en coeur "J'traîne des pieds"."
Au château, elle arborait un tee-shirt du groupe "Les Têtes Raides". Comme elle n'avait pas eu de réponse du groupe à sa demande de collaboration, elle n'avait trouvé que ce moyen pour attirer son attention. Ca a réussi. On la retrouve en duo sur "Non-dits" avec Christian Olivier, le chanteur des Têtes Raides. C'est à un autre leader de groupe, Mathias Malzieu de Dionysos, qu'elle a confié la réalisation du disque.
Dans ce brillant casting, on retrouve aussi la chanteuse Juliette qui lui a écrit "La Petite Voleuse". Dans les pages intérieures de l'album et sur "Thérapie de groupe" notamment, Olivia Ruiz nous présente sa famille. Après l'étonnant "J'aime pas l'Amour", l'atypique demoiselle à drôle de voix nous embarque dans un univers inclassable. Les fans seront de plus en plus nombreux et pourraient bien reprendre en coeur "J'traîne des pieds"."
LaDépêche.fr
Alexandre Wibart le 18/12/2007
Solidarité. La jeune chanteuse audoise a pris
sur ses vacances pour faire une tournée et offrir des cadeaux aux
enfants issus de milieux défavorisés.
Carcassonne. Olivia Ruiz était en concert privé pour le Secours populaire DDM
Elle parle aux enfants comme si c'était ses frères et
sœurs, refuse de se faire prendre en photo seule, préférant poser avec
les petits, a un bon mot pour chacun, les invite sur scène, leur offre
des cadeaux… Quand elle s'engage pour une cause, Olivia Ruiz ne le fait
pas à moitié. Et surtout, elle ne se force pas. La chanteuse était à
Carcassonne, hier, au terminus d'une tournée expresse dans le sud de la
France pour le Noël du Secours populaire. Cinq dates, 800 km, le tout en
quatre jours ! « Je préférais faire la tournée à un rythme d'enfer,
pour être plus vite en vacances. On termine à Carcassonne, comme ça, je
suis dans ma famille ! »
L'engagement d'Olivia Ruiz ne date pas d'hier. Elle s'implique de plus en plus dans des projets de solidarité. « Ça fait longtemps que je voulais m'investir dans des associations. J'aide déjà une asso qui travaille à la réinsertion des anciens détenus, sur Annecy et je suis également impliquée dans une organisation qui accompagne les enfants malades. » La chanteuse audoise a fait connaissance avec le secours populaire au Printemps de Bourges : « Deux responsables nationaux sont venus me trouver. On a discuté, et j'ai craqué pour les enfants. Le Secours populaire, c'est le genre d'organisme qui me plaît : que tu donnes dix balles ou 50 000 euros, on sait où ça va. » Ensuite, Olivia trouve un créneau malgré un emploi du temps chargé. Elle prend 15 jours de vacances et en consacre 4 à cette tournée, elle qui ne se souvient même plus à quand remonte la dernière fois qu'elle avait pris autant de congés. Pour son engagement, « c'est une histoire qui commence. J'aimerai aller en Bosnie aussi, et c'est en train de se concrétiser. Je vais aller chanter pour les enfants. Mais j'ai commencé par le Sud de la France, c'était plus facile d'accès.
L'engagement d'Olivia Ruiz ne date pas d'hier. Elle s'implique de plus en plus dans des projets de solidarité. « Ça fait longtemps que je voulais m'investir dans des associations. J'aide déjà une asso qui travaille à la réinsertion des anciens détenus, sur Annecy et je suis également impliquée dans une organisation qui accompagne les enfants malades. » La chanteuse audoise a fait connaissance avec le secours populaire au Printemps de Bourges : « Deux responsables nationaux sont venus me trouver. On a discuté, et j'ai craqué pour les enfants. Le Secours populaire, c'est le genre d'organisme qui me plaît : que tu donnes dix balles ou 50 000 euros, on sait où ça va. » Ensuite, Olivia trouve un créneau malgré un emploi du temps chargé. Elle prend 15 jours de vacances et en consacre 4 à cette tournée, elle qui ne se souvient même plus à quand remonte la dernière fois qu'elle avait pris autant de congés. Pour son engagement, « c'est une histoire qui commence. J'aimerai aller en Bosnie aussi, et c'est en train de se concrétiser. Je vais aller chanter pour les enfants. Mais j'ai commencé par le Sud de la France, c'était plus facile d'accès.
Noël avant l'heure
En attendant, elle a fait briller les yeux de la soixantaine d'enfants venus fêter noël avec le Secours populaire à Notre Dame de l'Abbaye. Patiente, elle a posé avec le même sourire sincère avec des dizaines d'enfants, photographiés par leurs parents tout fiers. Puis le concert a commencé. Elle a invité une dizaine de petits à venir chanter avec elle sur scène. Simplement accompagnée par un accordéon, entourée de son chœur de petits âgés en moyenne de 6 ans, Olivia a chanté ses succès, la femme chocolat, je traîne les pieds… Avant de mettre son costume vert de mère Noël et d'offrir de nombreux cadeaux qu'elle a payé avec ses propres deniers. Des enfants émerveillés ou d'Olivia Ruiz ravie, on aurait bien du mal à savoir qui a pris le plus de plaisir.Carrefour Mag de novembre 2005 |
Rolling Stone de novembre 2006
Elle à Paris
Eric Mandel ,avril 2007
Elle est tenace et travailleuse, c’est elle qui l’affirme.
La chance n’est pour rien dans sa réussite, ce sont les valeurs
transmises par ses parents qui la rendraient aujourd’hui, à 27 ans,
aussi sûre d’elle. En deux albums et une tripotée de concerts, elle a
conquis un large public qui craque pour cette femme chocolat à l’accent
ensoleillé. Les professionnels, à leur tout, ont reconnu son talent en
lui décernant le mois dernier 2 Victoires de la musique, catégories «
artiste féminine » de l’année et « meilleur spectacle ». Pas de quoi
prendre la grosse tête pour une Olivia qui n’en fait qu’à la sienne.
Que de chemin parcouru depuis la Star Ac’ ! En 5 ans et 2 albums, la môme Ruiz s’est imposée. Son charme piquant, son univers à la fois réaliste et merveilleux ont fait d’Olivia Ruiz l’un des plus surs talents de la nouvelle scène française. Rencontre dans son bastion du 18e, en attendant de la retrouver au Cirque d’Hiver du 9 au 12 mai. Votre premier album s’était vendu à 60 000 exemplaires. Le second dépasse les 500 000. Et maintenant 2 Victoires de la musique…De quoi vous faire tourner la tête ? Après la reconnaissance du public, celle des professionnels m’a vraiment bcp touchée. Que puis-je espérer de plus ? Je suis super contente. Ces 2 Victoires de la musique d’un coup me redonnent en regain d’énergie, ça va régénérer toute mon équipe sur la fin de la tournée. Mais je n’ai pas le temps de me laisser griser. J’ai constamment la tête dans le guidon. J’aimerais bien prendre le melon 5 minutes, mais je n’ai ai pas le loisir. Mon boulot demande une concentration maximum et une hygiène de vie irréprochable. Je suis pourtant une super fêtarde, j’adore faire un repas pour 10 personnes à la maison, amis tout ça est oublié depuis un an et demi. On vous dit très exigeante avec vos musiciens, limite mère fouettarde… Quand ils montent sur scène, mes musiciens doivent être en pleine possession de leurs moyens. Je n’ai rien contre un petit apéro, mais j’interdis le joint et l’alcool avant le concert
De même je ne supporterais pas de
les voir arriver tout crado sur scène. Je les ai d’ailleurs tous
lookés, avec ma styliste, chez Tim Barjo. Il faut faire honneur aux
salles pleines. Mais je ne suis pas tyrannique comme Yves Montand.
Vous avez fait vos premières armes dans les bals populaires. Une bonne école ? Les balloches, pour l’endurance, c’est formateur. Je l’ai fait de 19 à 21 ans, pour remplir le frigo, ça m’a appris à tenir le coup sur scène. Faire 50 concerts pdt l’été, à raison de 5 heures par soir, c’est une bonne école. Un journal chilien vous a décrit comme une « Edith Piaf accompagné par la Mano Negra »… Je trimbale un gros bagage de chanson française. Mais je m’en écarte pour y mettre mes autres passions comme le rock alternatif et la chansons espagnole. Je tiens à ma liberté artistique et je ferai toujours en sorte de brouiller les pistes. Vous possédez un accent très chantant, qui disparaît qd vous chantez… J’ai appris à le gommer à 13 ans, dès mon premier cours de théâtre. Vocaliser avec un accent, ça abîme des mots, ça alourdit le rythme. Être chanteuse, c’est aussi être un peu actrice ? Totalement. Je fais un travail d’interprète sur mes chansons. Sur scène, j’ai l’impression de tout faire à la fois, le chant, le jeu, la danse. Je n’aime pas compartimenter les disciplines. Le rôle de Piaf vous aurait bottée ?
J’en
aurais rêvé ! Mais je suis sur d’autres pistes, notamment un film avec
François Hadji-Lazaro. J’adorerais aussi faire de la mise en scène de
concerts, ou monter des pièces qui m’ont bouleversée comme Huis Clos ou Quai Ouest de Koltès
La famille est le thème central de votre dernier album…
L’album
parle de la famille sous un aspect positif et négatif. Clairement, elle
est ma fondation, mais si je vis à 700km de mon clan, ce n’est pas un
hasard. Une famille soudée, il faut savoir aussi s’en protéger, pour ne
pas être tentée de suivre les envies de tout le monde et pas les
siennes.
Vous sentez une pression pour le prochain album ?
Même
si je vends 30 000 exemplaires, je pourrai toujours exister et faire
vivre mes chansons sur scène. La scène reste le cœur de mon métier, un
exutoire. Tout donner pour espérer recevoir un petit truc en
contrepartie, les applaudissements, un moment d’émotion. C’est toujours la
recherche éperdue de ce truc-là. Et rien n’est jamais acquis. Ce métier
c’est une tragédie grecque.
L'Humanité Victor Hache, 11 septembre 2007 Fête de L’Humanité Olivia Ruiz : « Laissez-vous faire, je m’occupe de tout ! »
Grande
scène . Craquante et croquante, l’espiègle Olivia Ruiz débarque à la
Fête portée par le succès de son second album la Femme Chocolat. Elle
nous promet un concert exceptionnel.
Olivia Ruiz se dit
volontiers épicurienne, croquant la vie et gourmande de chansons. Après
des débuts du côté de la Star Academy, la chanteuse originaire de
Marseillette, près de Carcasonne, s’est très vite intéressée au rock
alternatif et à la chanson populaire. C’est ainsi qu’elle rencontra
Juliette qui lui écrivit la chanson J’aime pas l’amour, titre éponyme de
son premier enregistrement, qui lui valut une reconnaissance du public
et de croiser la route de nombreux amis musiciens (Chet, Nery, Weepers
Circus). Un album suivi d’autres collaborations toutes aussi
enrichissantes, telle celle de Christian Olivier des Têtes Raides avec
lequel elle chante en duo Non-dits ou encore Mathias Malzieu, leader du
groupe Dyonisos, réalisateur (avec Alain Cluzeau) du très apprécié la
Femme Chocolat, qui, outre le titre de ce second opus, signe plusieurs
chansons dont I need a child et Goûtez-moi. Un album espiègle qui
raconte son histoire, à l’image de J’traine les pieds, qui a fait d’elle
une vraie star de la chanson, séduisant par sa gouaille et sa voix
acidulée. Une chanteuse populaire, qui, à la Fête de l’Humanité, a
trouvé l’écrin idéal et promet un concert exceptionnel sur la grande
scène. Rencontre.
Chanter en plein air, est-ce un exercice que vous appréciez ?
J’adore, comme j’adore, chanter en plein jour. Cela amène des choses
différentes. J’aime ces moments où on fait un concert dans un contexte
différent. En plein air, je me sens libre, détendue. Mais si j’aime les
festivals, c’est aussi parce qu’avant ou après mon concert, je peux
aller voir des groupes. C’est pratique quand on est tout le temps sur la
route et qu’on ne voit pas beaucoup de spectacles. Dans ces moments-là
on peut en faire trois dans la soirée. Ça me permet aussi de croiser des
potes, comme les Têtes Raides ou Abd Al Malik. C’est génial.
Le contexte à la fois festif et politique de la Fête de l’Humanité ?
Cela ajoute au folklore, de la soirée. L’extrême gauche, les fêtes du
PCF dans ma région, c’est vrai que c’est des trucs qui sont ancrés dans
ma culture. La Fête de l’Huma, je n’y vais pas en temps que chanteuse
engagée, mais je trouve que ce soit là rajoute du charme, dans le sens
de ce que je vivais chez moi, quand on allait aux fêtes régionales du
PC. On n’a rien, mais on partage tout. Il y avait cette idée d’un moment
de partage. J’ai chanté à la Fête du PC à Coursan dans l’Aude plusieurs
fois où des artistes comme Jacques Higelin, FFF ou Bernard Lavilliers
se sont produits. Là, je vais reprendre un titre de Léo Ferré pour
l’occasion sur un texte d’Aragon. Ce sera mon petit clin d’oeil.
Forcément, on a toujours envie d’aller vers les chansons qu’on a en
tête, qui sont dans l’inconscient collectif, tel Est-ce ainsi que les
hommes vivent ?, mais je suis en train de fouiller l’oeuvre d’Aragon,
dans tout le matériel que les éditions Textuel, qui sortent un livre sur
lui, ont mis à ma disposition, pour que je puisse mieux connaître le
personnage. Cela me permettra de voir si il n’y a pas autre chose,
repris par Ferré, Lavilliers ou d’autres, qui pourrait plus m’intéresser
qu’un titre qui a été repris mille fois. Pour le moment, je cherche.
C’est une facette de votre personnalité qu’on ne connaissait pas… C’est précisément pour l’occasion. Je connais Ferré plus par les textes que pour l’avoir écouté. Ce n’est pas un univers qui faisait partie spécialement de la culture à la maison. Par contre, j’ai pas mal de recueils de poésie. Il y a chez lui et chez les gens qu’il a adaptés et mis en musique des univers qui m’attirent. Le cadre se prête à ce que je défende quelque chose comme ça, alors que si cela avait été dans le contexte d’un concert « classique », j’aurais repris des choses qui font vraiment partie de ma culture, soit du rock new-yorkais très énervé ou du Nougaro…
Comment vous situez-vous musicalement ?
J’aime justement que les gens me situent comme quelqu’un de libre. On change tous au cours de nos vies. Je ne sais pas si dans dix ans, je serai trop vieille pour bouger, trop fatiguée par les tournées ou si j’aurai envie de faire un album de folkeuse. Je me laisse toutes les possibilités de façon à garder ma liberté intacte. Personnellement, je ne me pose aucune question de style et je ferai en sorte aussi que les gens ne se sentent pas obligés de m’assimiler à telle ou telle vague. Chanson, rock, musiques Klezmers… Vous semblez sensible à toutes sortes de styles. Aux musiques latines aussi. Cela m’amuse de brouiller les pistes. Quand je choisis ou fais tel type d’arrangements sur les morceaux, c’est une manière de dire : « Attention c’est à prendre ou à laisser. Si vous venez, vous recevrez c’est sûr, mais ne vous prenez pas la tête. » Parce qu’il peut arriver n’importe quoi, n’importe quand, comme effectivement un morceau klezmer au milieu du set. L’idée, c’est laissez-vous faire, je m’occupe de tout ! Vous avez un côté gouailleuse. Auriez-vous aimé vivre à une autre époque ? Faire partie de la clique des Frehel, Damia et autre Berthe Sylva, cela aurait été quelque chose de génial. Je me sens hyper proche d’elles, de leur façon d’appréhender l’existence, avec du vécu. Des choses qui font mal mais qui sont assumées, ou des choses qui font du bien et qui le sont tout autant. J’ai une admiration pour elles parce qu’il y avait le côté sans concession, une forte interprétation. Aujourd’hui, en tant que spectatrice, j’ai du mal à trouver dans un concert une vraie interprétation des chansons, et en même temps de l’énergie, quelque chose de fort visuellement et scéniquement. C’est ce qui me fascine chez ces personnes-là, des choses qu’on peut retrouver aujourd’hui chez un chanteur comme Néry et une poignée de gens finalement. Vous dites volontiers que vous êtes « sans complexe, gourmande, épicurienne, avec l’envie d’aller au bout de vos passions »… Je suis extrême et tranchée, ce qui doit venir de mes origines. Quand je commence quelque chose, je vais au bout. En même temps, je suis quelqu’un de complètement désorganisé mais aussi de très passionné qui fait les choses en profondeur. Le fait d’être extrême vous a-t-il aidée ?
Toutes les qualités peuvent être des défauts et inversement. Dans
l’ensemble, je crois que ça m’a plus aidée car, du coup, personne ne
peut me faire dévier de ma route et de mes convictions. En cela, c’est
une force. C’est aussi une faiblesse qui traduit de l’hypersensibilité.
Je suis très émotive, liée affectivement avec les gens avec qui je
travaille. J’ai l’impression à la fois de savoir me protéger et en même
temps, quand je fais confiance et que je suis bien avec quelqu’un dans
mon métier, de tout donner et de me reprendre tout dans la figure
parfois quand ça revient un peu comme un boomerang. Cet aspect-là
peut-être fragilisant, encore que je me sente assez solide quand même.
Un succès comme la Femme Chocolat, qu’est-ce que ça a changé dans votre vie ?
J’ai plus de sous et je paie des impôts depuis que j’ai sorti la Femme
Chocolat, ce qui est très rare dans ma vie ! (rires). J’ai été tellement
conditionnée par mon papa sur le fait que, dans le métier, c’était un
jour oui, un jour non, un jour tout génial, un autre tout foireux, que
les périodes creuses, je ne les ai pas vécues comme telles. Même quand
il m’arrivait de chanter dans des petites salles avec peu de public, je
m’éclatais. Je ne le vivais pas mal du tout et je me sentais super bien.
Là, c’est encore mieux, mais ça n’a pas changé grand-chose en fait. Au
quotidien ma vie est toujours la même. Mais, peut-être que je ne réalise
pas bien tout ce qui se passe autour de moi. Le succès d’un album,
c’est un accident merveilleux. Si le marché du disque continue de mal
marcher comme en ce moment, ce sera certainement le plus gros succès de
toute ma carrière…
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